
Par Clara Le Fort
Publié le 25 mars 2025 à 09:30. Mis à jour le 31 mars 2025 à 15:17.
Connu pour placer la durabilité au coeur de ses principes, le Danemark innove constamment dans un domaine qui l’incarne ostensiblement : l’architecture. Mise au service de la population, celle-ci étonne sur le fond comme sur la forme. C’est notamment le cas d’Amager Bakke (« la colline d’Amager ») ou Copenhill, un incinérateur géant qui se double d’une zone de loisirs.
Pour ce projet original, l’architecte Bjarke Ingels, fondateur de l’agence BIG , a imaginé un édifice dont l’enveloppe extérieure est en dévers : et pour cause, l’usine de traitement des déchets accueille, sur son toit en pente, plusieurs pistes de ski sèches, des sentiers de randonnée ainsi qu’un parc urbain. Un mur d’escalade de 80 mètres de haut est installé sur la paroi la plus élevée.
Un projet architectural qui se veut non seulement au service des citoyens mais sensibilise les habitants de Copenhague à la valorisation énergétique. En brûlant près de 590 000 tonnes de déchets en 2023, il permet d’alimenter près de 90 000 logements en électricité et chaleur. Et qui s’intègre dans l’ambition de la ville de Copenhague d’atteindre la neutralité carbone en 2025. Défi quasi remporté puisque dès 2019, l’ensemble du réseau développé autour de l’incinération des déchets chauffait 90 % des logements et couvrait 98 % des besoins de la municipalité. Ou comment oeuvrer pour tous, et pour la planète.

Dans la banlieue nord de Copenhague, BaseCamp Lyngby est un autre modèle novateur d’architecture durable. Réalisé entre 2017 et 2021 par l’agence Lars Gitz Architects, maintes fois primée en Scandinavie, le projet a été pensé comme un nouveau quartier ou type de campus de 41 000 m2. Conçue pour favoriser les interactions sociales entre générations, la super structure accueille 900 étudiants, doctorants et personnes âgées.
Idéalement située à proximité du lac Lyngby et du parc Dyrehaven, classé au patrimoine de l’UNESCO, l’architecture du site, tout en courbes, s’inspire non seulement de la nature environnante mais l’invite en son coeur avec ses toits verts accessibles au public, ses passerelles végétalisées et jardins partagés. Recouvertes d’un matériau durable à base de basalt (rock panel), les façades de couleur sombre miment l’écorce des arbres : à distance, une forêt contemporaine émerge.
Ainsi camouflés, les volumes organiques s’enroulent de manière ludique autour de petites cours, autant d’espaces intimes où se retrouver ou se ressourcer. De forme ronde, le bâtiment central est l’élément vers lequel tout converge : conçu comme un lieu de partage, il accueille un café, une salle de sport, des ateliers, un cinéma et une bibliothèque. Tout autour, 1000 places de parking pour vélos incitent les habitants à un mode de vie le plus écologique possible. Plus loin, le parc et le lac sont une zone de loisirs sans fin où l’on pratique le vélo, la randonnée, la voile ou le kayak.
Créer de la cohésion sociale et de l’entraide est un des buts affichés du projet. Adaptés aux besoins des séniors, les espaces inférieurs leur permettent de vive de plain-pied avec l’extérieur et de profiter du dynamisme des étudiants. De nombreuses études montrent, en effet, l’importance des échanges sociaux pour bien vieillir, se sentir moins seul et plus utile. En contrepartie, l’expérience acquise et la qualité d’écoute des personnes âgées sont un précieux atout pour les jeunes.
Clara Le Fort